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mardi, décembre 05, 2006

THEATRE IRANIEN


THEATRE IRANIEN ANCIEN

Les historiens de l'art dramatique répartissent l'histoire du théâtre en Iran en deux périodes distinctes : avant l'islam et apres l'Islam. N'ayant que très peu d'information sur le théatre pré-islamique en Iran, nous allons nous interesser à l'histoire du théâtre post-islamique mais aussi à son continu.
Le jeu Folklorique
Les jeux, danses et spectacles folkloriques sont plutot comiques et ont pour but le divertissement des spectateurs. Ils s'inspirent des costumes et rituels anciens. Après l'islamisation de l'Iran, ils changèrent progressivement en se développant sous des formes spécifiques.
Le personnage principal sur lequel repose ce spectacle est le clown, qu'il soit bouffon des rois ou "Ru-howzi" dont la traduction littérale est "sur le bassin", du nom de la scène improvisée que l'on dressait sur les réservoirs d'eau dans la cour des maisons, et sur laquelle le clown animait les mariages et les différentes réceptions. Ces pratiques sont toujours d'actualité de nos jours, surtout dans les classes populaires. Notons que ce genre de spectacle doit toute son originalité à l'expérience et à la personnalité des interprètes et non au texte. Ce spectacle a développé au fils du temps une forme de théatre particulièrement intéressante et stylisée. Dans ce style de théatre, ce qui frappe le spectateur est la qualité et la force du jeu des comédiens de "Ru-howzi". Sachant qu'ils étaient pour la plupart illettrés. Peter Brook raconte une anecdote dans un entretien avec un journaliste iranien : un matin , au festivalde Chiraz, il raconta en quelques mots une histoire au directeur d'une des multiples troupes de théâtre de "Ru-howzi". Le soir même, allant le voir se produire, il eut l'immense surprise d'assister à un spectacle de trois heures, entièrement construit autrour de son histoire, revue et corrigée, par les moyens d'expression du théâtre "Ru-howzi". Cette représentation augmenta l'admiration de Peter Brook, et est à la base de l'intêret porté au théatre "Ru-howzi" par beaucoup d'autres metteurs en scène.
Le théâtre religieux en Iran
Pour comprendre le théâtre, spectacle religieux, il faut avant tout comprendre le fondement des croyances religieuses qui, particulièrement en Iran, ont des racines sociales et nationales. La conquête se l'Iran par les Arabes facilité par une habile propagande sur le thème Egalité-Fraternité, eut pour conséquence la conversion à l'Islam de la plupart des iraniens. Mais tres vite les iraniens se rendirent compte qu'il existait une grande différence entre la propagande et la réalité. Et, à cause de cette différence entre les promesses et l'action des califes, les iraniens formèrent des mouvements religieux populaires hostiles au Califat dans le but de raviver les anciennes coutumes. Mais malheureusement, trop d'iraniens s'étaient convertis à l'Islam et malgré de grande victoire sur le pouvoir des Califats, trop peu d'eux rejetèrent la morale islamique. Par conséquent le retour en arrière était impossible. Mais les iraniens pour ne pas perdre leur identité nationale trouvèrent comme solution d'interpréter différemment l'Islam et créèrent le chiisme qui est basé sur la succession du prophète par son petit fils Hossein (mari de la princesse iranienne Chahrbanou) grand martyr et mythe.
Le developpement du chiisme en Iran qui s'opposait aux califes arabes en fut la conséquence directe. C'est pour cela que le nationnalisme iranien doit etre considéré comme un outil symbolisant la résistance à l'envahiseur arabe. Cette résistance s'amplifia jusqu'à la fin du Xième siècle chrétien. Les dirigeants iraniens se révoltèrent contre les califes et envahirent Bagdad, dans le but de les obliger de célébrer le deuil de Hossein, le toisième Imam chiite et fils d'Ali, assassiné par le Calife Yazid.
C'est ainsi qu'en l'an 963, un roi iranien ordonna que le jour de l'anniversaire de la mort de Hossein, les bazars de Bagdad doivent fermer pour manisfester le deuil en l'honneur de Hossein, appelé " Martyr-sur-le-chemin-de-la-croyance". Cet événement est considéré comme le fondement essentiel des spectacles religieux en Iran. C'est ainsi que fut créé le Täziyé qui est un genre de théâtre religieux, qui évoque l'histoire de l'assassinat de Hossein, le grand martyr et mythe. Dans ce théatre, le public fait partie intégrante de la pièce. Le public rythme la représentation par ses pleurs et en se frappant la poitrine. De ce fait, dans le Täziyé le public joue un rôle, ce qui est unique dans le théâtre.
Le Taziyé dont la traduction signifie "deuil-né" est la seule forme traditionnellle du théâtre qui s'inspire de la religion dans le monde islamique. Le Tâziyé relate le drame survenu à Karbala, en 680 de l'ère chrétienne, où Hossein, le petit fils du prophète, ainsi que tout son entourage ont été massacrés par l'armée de Yazid alors que l'Imam Hossein allait rejoindre ses partisans à Koufa. Cet événement historique d'où sont nées des légendes qui ont fini par transformer les deuils, qui sont composés de processions religieuses et de la lamentation collectives en représentation dramatique.
La représentation du Tâziyé a lieu chaque année pendant le mois de deuil commémoratif du martyr des Saints Imams. La représentation du Täziyé peut avoir liru partout, sur une place publique, dans une rue, dans la cour d'une mosquée ou dans un lieu habituel appelé Tekyé. On recensa, il y a quelque temps, de 200 à 300 lieux distincts prévus pour la représentation du Täziyé, à Téhéran, car chaque quartier de la ville organisait le sien. C'est dire l'engouement de public pour se spectacle. C'est engouement non seulement est dû à la foi intense du public mais également à l'émotion que lui procure ce spectacle. Car le public est tour à tour ému, attendri, paralysé devant les épisodes du drame, que le spectacle devient par la communion des participants, un véritable rite. Toute cette émotion est due à la force du jeu des acteurs. Ce jeu d'acteur est tellment puissant su'Eugène Flandin, l'ambassadeur de France en Iran au début du XXieme siècle, en parlant de la scène qui l'avait le plus frappé, explique que, au moment du combat entre les partisans de Hossein et l'armée de Yazid, l'impression de vérité était telle, qu'il s'éatait demandé un instant s'il n'était pas en train d'assister à une vraie guerre et non à une reconstruction théâtrale. Plus récemment, un célébre metteur en scène déclara que si l'on devait estimer la qualité d'un art dramatique à l'impact relationnel produit sur le spectateur, alors le Täziyé faisait incontestablement partie des tragédies parmi les plus puissantes jamais créées par l'Homme. Tout cette force du jeu d'acteur qui n'a pas arrêté de s'enrichir depuis la naissance du Täziyé.
Malgré, un très bon jeu d'acteur et des mises en scène très originales, le texte du Täziyé n'est pas une littérature d'élite. Le texte du Täziyé est un texte populaire et donc compréhensible de tous ce qui est peut-être la source de son succès. Par populiare, nous entendons anonymat des auteurs et enracinement profond. Notons que le texte du Taziyé est écrit en vers et uniquement pour la représentation scènique. Et pour cause, le texte du Täziyé fait référence au public qui dans sa majorité était illetré. Par conséquent le texte du Täziyé perd donc de sa valeur hors du cadre scénique. De plus, le texte du Täziyé ne peut être valablement et uniquement objet de lecture car ces textes sont une adaptation des légendes anciennes pour le spectacle. Et pour cause, la proportion des parties descriptives et narratives sont très faibles. Les personnages du Täziyé constituent deux parties, les personnages Saints : l'Imam et sa famille habillés de vert et de noir, et les personnages ennemis : le Calife et son armée qui eux sont habillés de rouge et d'orange vif. Les deux groupes de personnages sont assis dur des estrades juxtaposées et au moment du jeu chacun se lève et se déplace sur scène. Notons que le public connait par coeur l'histoire du Täziyé et vient voir le spectacle pour pleurer et être bénit. Une des particularités de ce genre de spectacle est que, non seulement, on ne paye pas pour y assister mais en plus on est servi de gâteaux, thés et sirops.