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samedi, février 18, 2006

Histoire de PARIS

LES ORIGINES : L'HISTOIRE DE PARIS COMMENCE A LA PRÉHISTOIRE


Une présence humaine ancienne :
Une présence humaine à Paris est attestée dès le 5ème millénaire av. J.-C. Des restes de chasse, os de mammouths, de cervidés et de rennes datant de cette époque ont été découverts en 1886 dans une carrière de Beaugrenelle.
Des traces d' habitat rural et de sépultures néolithiques ont aussi été exhumées lors des fouilles des cours du Louvre. D'autres indices indiquent une installation durable de ces premiers occupants. Des silex taillés ont été trouvés en 1912 place du Châtelet, ils font penser à la présence d'un atelier préhistorique. De même pour les objets qui ont été retrouvés lors des fouilles des entrepôts de Bercy en 1991-92 : des pieux de construction, des pierres polies, des outils en os et en bois de cerf, des céramiques.
Un site et une situation excellents :
Ces chasseurs itinérants qui sont les premiers habitants ont trouvé à Paris un site favorable à un établissement prolongé. Paris jouit, en effet, d'une douceur climatique toute l'année, même si à l'époque, le climat était différent. La topographie est plane à l'exception des collines périphériques de Montmartre (le point culminant de Paris à 129 m), Ménilmontant, Chaillot, Belleville et Charonne.
Mais ce qui a déterminé l'implantation des premiers hommes à Paris, c'est surtout la présence d'un fleuve comme la Seine.
La Seine est un fleuve qui est navigable toute l'année. Elle forme avec ses affluents ( l'Aube, l'Yonne, et surtout la Marne et l'Oise ) un véritable réseau hydrographique qui a permis aux premiers habitants d'aller et venir sur un grand périmètre. En 1991, 5 pirogues datées entre -4200 et -3400 av. J.-C ont aussi été découvertes à Bercy. Grâce à ce réseau, Paris est devenu un carrefour fluvial où des échanges commerciaux se sont faits très vite.
Au milieu de la Seine, l'île de la Cité a constitué dès l'origine un refuge idéal : un site défensif s'y est très tôt développé. Avec les rives proches de chaque côté de la Seine, c'est le coeur historique de Paris. La Cité n'est pas la seule île de Paris, mais c'est la plus grande, la plus ferme, et elle se situe là où le franchissement du fleuve est le plus aisé. L'ile Saint-Louis,juste à côté, est née du rassemblement de deux îles, au 16ème siècle.

PARIS SOUS L'ANTIQUITÉ (- 1000 av. J.-C. à 500 après J.-C.)
Les Gaulois sont les premiers Parisiens

Paris a été très tôt habité par des Celtes mais la première bourgade digne de ce nom à Paris date du 3ème siècle av. J.-C. Les Parisii, un peuple gaulois, s'installent à Paris vers -250 av. J.-C. Ils construisent un pont sur la Seine, ce qui leur permet de taxer ce qui passe en dessus et en dessous. Paris, qui s'appelle "Lutèce" à cette époque, devient un lieu d'échange pour des produits venus du Nord, du Sud-Ouest de la France et de la Méditerranée. Lutèce devient "la ville des Parisii", puis "Paris" définitivement au 5ème siècle après J.-C.
Une ville gallo-romaine qui devient chrétienne
En 52 av. J.-C., le proconsul Labiénus, un lieutenant de César, conquiert Lutèce. La cohabitation des Gaulois et des Romains se passe bien pendant des siècles. La ville est en paix car le front militaire est surtout en Germanie. La politique romaine en matière religieuse est tolérante , la doctrine officielle est : vos dieux sont les nôtres mais appelés différemment. Petit à petit, les deux panthéons se juxtaposent avec des emprunts réciproques. Lutèce devient un axe commercial pour l'Empire. La ville est aux mains des "Nautes", une aristocratie de marchands qui utilisent des bateaux pour acheminer leurs marchandises.
A part les arènes, il reste peu de chose de la ville gallo-romaine : actuellement, le musée du Moyen-آge de Cluny est situé dans les anciens thermes de Paris, on peut les voir depuis la rue.
Pendant les siècles de la présence romaine, les Gaulois se romanisent tout en gardant leur identité : en 212, par l'ةdit de Caracalla, tous les habitants libres de l'Empire deviennent citoyens romains, et le christianisme qui apparaît dans la ville au 3ème siècle contribue finalement, après des persécutions, à atténuer encore les différences . En revanche, à partir du 3e siècle, l' insécurité réapparaît dans l'Empire. Des peuples "païens" venus de l'Est de l'Empire menacent puis s'installent dans l'Empire, qui finit par s'effondrer lors du sac de la ville de Rome en 476 après J.-C.
PARIS de 1500 à 1789 : Une capitale européenne.
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La Renaissance italienne, la Réforme protestante et la découverte des routes des Indes et de l'Amérique mettent fin au Moyen آge car de nouvelles perspectives s'ouvrent pour les Européens.
La Renaissance et la Réforme sont ressenties très fortement à Paris : la Renaissance Française naît en partie à Paris et la Réforme force les Parisiens à choisir un camp pour mettre en paix leur conscience.
Les horizons continuent de s'ouvrir au cours des trois siècles puisque tous les continents sont mis en relation : à partir du milieu du 17ème s., la présence de la cour à Paris permet la naissance d'une culture d'élite qui est reprise très loin dans toutes les cours européennes. Cette période est agitée, comme le Moyen آge, mais Paris a acquis un poids tel que le sort du roi ou du royaume se joue désormais très souvent dans la ville. Le pouvoir y est de plus en plus concentré, ce qui oblige aussi les rois de France à se méfier de la ville.
La Renaissance à Paris au 16ème siècle.
Les expéditions des rois de France en Italie sont l'occasion pour ceux-ci de découvrir la Renaissance italienne.
La Renaissance est un mouvement culturel caractérisé par un regain d'intérêt pour l'Antiquité, on redécouvre à cette époque le goût des Romains et des Grecs pour l'architecture, la philosophie et surtout leur mythologie. En même temps, s'impose une nouvelle façon bienveillante de considérer l'Homme, elle aussi inspirée des Anciens, c'est l'Humanisme.
Le roi François 1er (roi de 1515 à 1547) ramène d'Italie le modèle de la ville idéale : il commence à faire paver les quais de la Seine et il accomplit les premières tentatives d'alignement des rues. Il donne surtout l'impulsion à une nouvelle vie intellectuelle qui s'implante sur la rive gauche. Le quartier de la Sorbonne devient après 1550 le plus grand centre de formation, d'édition d'Europe. Calvin, ةrasme, par exemple, viennent étudier dans le collège très austère de Montaigu.
Mais c'est surtout après la mort de François 1er que le style Renaissance apparaît à Paris : beaucoup d'artistes italiens amènent une nouvelle inspiration pour les constructions. Il reste peu de choses de l'œuvre accomplie.
On construit la tour Saint-Jacques, des églises comme St-Germain - l'Auxerrois, l'Hôtel de Ville, le premier pont de pierre sur la Seine, la rue Montorgueil.
Lors de la construction des Tuileries et surtout du Louvre (la forteresse a été rasée par François 1er), des sculpteurs comme Jean Goujon et Pierre Lescot créent le style de la Renaissance française. Les sculptures de Jean Goujon sur l'aile du Louvre qui sépare les deux cours préfigurent le style classique français du 17è s., un style sobre et mesuré. Pierre Lescot dessine aussi les plans du Pont Neuf qui sera inauguré en 1607 par le roi Henri IV.
Les Guerres de religion à Paris au 16ème siècle.
Tout le long du siècle est marqué par le conflit entre les protestants et les catholiques. Paris, siège du pouvoir, reste catholique mais des grandes étapes du conflit s'y jouent. En 1572, le massacre de la Saint-Barthelémy est un sommet dans l'horreur, il marque les esprits pour longtemps. Le conflit s'achève quand le prétendant Henri de Navarre, un protestant, accepte de se convertir au catholicisme. Il devient le roi Henri IV et promulgue l'ةdit de Nantes (1598) , un acte de tolérance qui apaise le conflit (jusqu'en 1685). Il aurait lancé alors son fameux "Paris vaut bien une messe ".
Paris au 17 et 18ème siècle.
Le 17ème siècle marque une rupture du point de vue de l'urbanisme. Quand Henri IV entre à Paris, une fièvre de construction s'empare de la ville, il faudra attendre le 19è s. pour retrouver une telle ampleur. Pour la première fois, des plans prennent en compte la ville dans sa globalité, des ponts sont construits en nombre suffisant.
Mais surtout ce qui est construit est de grande qualité. Le Louvre, Les Tuileries, les jardins des Plantes, du Luxembourg et du futur Palais-royal, le quartier du Marais avec ses nombreux hôtels particuliers, la place Royale (l'actuelle place des Vosges) et la place Dauphine sont créés. On ajoute aussi des hôpitaux (Saint-Louis, le Val de Grâce), des rues, des églises.
Sous le règne de Louis XIV (1643-1715), les constructions, dans Paris, ralentissent. Louis XIV a voulu faire de Paris une nouvelle Rome. Elle restera en projet.
Ses rapports avec Paris ont toujours été ambigus. De 1671 à sa mort en 1715, et donc pendant les 44 années de sa fin de règne, il n'est venu que 28 fois à Paris. Souvent, d'ailleurs, pour n'écouter qu'une messe. Louis XIV s'est toujours souvenu d'une nuit, quand il avait 5 ans, où il avait dû fuir la capitale alors en proie à La Fronde ( une révolte des nobles qui profitaient de sa minorité) . Il fait construire son château de Versailles juste en dehors de Paris. Versailles devient donc le siège du pouvoir, même si ceux qui vont à la cour habitent encore souvent Paris.
Louis XIV fait quand même raser les murailles de Paris, il achève le Louvre où il réside peu et il fait construire les Invalides et l'Institut. Les architectes de Versailles construisent aussi dans Paris : Jules Hardouin-Mansart réalise la place Vendôme (1698), Le Vau des hôtels dans le Marais. Le tout est réalisé dans le style classique qui s'oppose au style baroque, alors présent dans tout le reste de l'Europe.
Au 18è siècle, Paris pèse d'un poids toujours plus grand sur le royaume : Paris est le centre d'un nouveau réseau routier qui permet d'atteindre tout le pays. Louis XV envoie des officiers royaux, les Intendants, enquêter et le représenter partout. En même temps, le Parlement de Paris, qui est le plus puissant parlement du pays, tente de limiter le pouvoir du roi. La querelle du roi avec le Parlement occupe tout le siècle.
Dans la ville, Louis XV crée la place Louis XV ( future place de la Concorde) en 1749 et le Champs de Mars avec l'ةcole Militaire de 1752 à 1770.
Après 1730, la vogue du Quartier du Marais s'atténue au profit des Faubourgs Saint-Germain et Saint-honoré où de grandes opérations de constructions privées ont lieu. Paris s'étend vers l'Ouest à cette époque, le long de la Seine. En 1724, l'axe qui correspond actuellement aux Champs-ةlysées est tracé dans une zone encore presque inhabitée. En 1772, on le prolonge jusqu'au pont de Neuilly actuel. La future avenue de la Grande Armée et l'axe principal de Paris sont nés.
Les Lumières de Paris 1660 - 1789
Après avoir suivi la mode italienne, surtout au 16è s, Paris devient un pôle culturel pour l'Europe. La vie de la cour de Versailles est copiée dans toute l'Europe à partir de Louis XIV. Par exemple, l'architecture de Versailles a inspiré le plan des canaux de St-Petersbourg, de Washington et les châteaux de nombreux princes allemands. La mode, le goût, et le style de Paris se diffusent partout au 18e s. La langue internationale est le français. Dans les salons littéraires, on discute librement et on fait la lecture des derniers livres importants. Des philosophes comme Voltaire, Diderot, Condorcet... y deviennent des vedettes. Ils sont ensuite invités dans les cours européennes. Ils emploient librement la critique et passent au crible tous les problèmes de la société. La monarchie n'est pas épargnée. Diderot fait paraître l'Encyclopédie, la première du genre. L'ouvrage est condamné car il attaque l'ةglise. Les nouvelles valeurs en vogue que ces philosophes défendent, telles que le mérite ou l'utilité, condamnent ce qui est obtenu par droit divin ou par les liens du sang.
La Révolution Française trouve une partie de son origine dans ce mouvement baptisé "les Lumières".
La Révolution Française à Paris (1789-1799)
Le 14 juillet 1789, une insurrection éclate à Paris. La Bastille, une forteresse symbole du pouvoir arbitraire du roi, est prise par la foule armée. C'est le début de la Révolution Française. Elle comporte trois phases :
-De 1789 à 1792, le mouvement est contrôlé par une élite qui veut réformer le royaume. Le roi reste à la tête du régime, il doit néanmoins accepter une constitution et une Assemblée qui vote les lois. La foule de Paris est venue le chercher à Versailles pour l'installer aux Tuileries dans Paris. Elle veut le surveiller. C'est le retour de la monarchie à Paris. Pendant cette période règnent les idées utopiques : dans une atmosphère frénétique, chacun comprend que le pouvoir passe des mains d'un seul homme, le monarque absolu, au peuple tout entier. Les représentants du peuple réunis en Assemblée adoptent la Déclaration des droits de l'homme, l'abolition des privilèges de la noblesse, la suppression des biens du clergé. Il est prévu que l'ةtat paye le clergé comme des fonctionnaires. Mais les armées des monarchies d'Europe envahissent le pays pour écraser la révolte parisienne. En septembre 1792, après un massacre de personnes suspectées d'être royaliste , un groupe de révolutionnaires prend le pouvoir.
-De 1792 à 1794, ces révolutionnaires mènent le pays d'une main de fer pour sauver la Révolution. La monarchie française est abolie. Louis XVI, qui a tenté de fuir la capitale en 1791, est exécuté en janvier 1793. Les armées étrangères sont toutes battues mais le régime gouverne par la terreur. Les révolutionnaires les plus intransigeants comme Robespierre font exécuter les modérés sous prétexte de trahison. Ils sont allés trop loin, ils sont exécutés à leur tour en 1794. Pendant cette période, le peuple de Paris fait et défait souvent les décisions, sans tenir compte du reste du pays.
-De 1795 à 1799, c'est la période des Directoires. Les exécutions cessent et la Révolution s'essouffle. Pour éviter toute nouvelle dérive autoritaire, les nouveaux dirigeants adoptent d'autres institutions. Ils veulent empêcher toute pression du peuple parisien sur l'Assemblée. Par exemple, un texte doit être lu trois fois avant d'être voté. Les dirigeants n'ont pas le temps de devenir des dictateurs car leur charge dure trop peu de temps. Le résultat est que le régime est ingouvernable. Seul un coup d'ةtat peut faire avancer les choses.
Un autre problème s'ajoute ensuite : l'Assignat, la monnaie en papier émise par l'état, s'effondre. La misère augmente, ce qui prive le Directoire du soutien populaire. La corruption devient la règle au sommet de l'ةtat, tout le monde vole.
Pour se maintenir, le régime s'appuie de plus en plus sur les hommes de guerre. C'est l'un d'eux qui va régler la situation.
En 1799, le général Napoléon Bonaparte prend le pouvoir après un coup d'ةtat. C'est la fin de la Révolution.
Malgré ses dérives, la Révolution constitue une étape dans l'Histoire du Monde. Elle a inspiré pour le meilleur ou pour le pire d'autres mouvements. L' adoption de la Déclaration des droits de l'homme par l'Assemblée est un acte symbolique important pour les défenseurs des Libertés. On pourrait le comparer à l'adoption de l'Habeas Corpus par le Parlement anglais, ou à la création de la Constitution par le Congrès Américain.
Paris au 19ème Siècle : de la ville emmurée à l'agglomération. Haussmann
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Au 19ème siècle, le concept de ville change.
Jusqu'au début du 19ème siècle, Paris est encore pensée comme une ville médiévale (une communauté organisée avec ses représentants, sa muraille et le siège d'un pouvoir politique): elle est enserrée par l'enceinte des Fermiers Généraux entreprise à partir de 1784 (cette enceinte permet de prélever l'Octroi, une taxe sur les produits qui entrent), elle a ses représentants et elle est le siège du pouvoir royal.
Paris fait alors le tiers de la ville actuelle, avec les douze arrondissements délimités en 1795. ( voir le plan )
A cette conception communale et politique succède au cours du 19ème s. le concept d'agglomération ( ville plus banlieue ).
Les révolutions industrielles du 19ème s. introduisent une mutation dans le paysage urbain. Paris, comme toutes les grandes villes du monde occidental, attire une masse de migrants venus des campagnes ou de l'étranger pour trouver un emploi. Paris étend son emprise sur sa banlieue où des petites villes naissent. Ces villes sont autonomes administrativement, mais elles dépendent économiquement de Paris. L'utilisation du chemin de fer (puis de l'automobile au 20ème s.) permet à Paris d'étendre son influence sur une région entière.
Une agglomération parisienne naît : en 1836, elle compte 1 million d'habitants, 2 millions en 1866, 3 millions en 1886, 4 millions d'habitants en 1904.
Désormais, les problèmes urbains deviennent ceux de toute la société. A Paris, comme ailleurs à l'étranger, ce mouvement migratoire, d'une ampleur inconnue jusqu'ici, n'est pas sans susciter des peurs : les nouveaux arrivants sont souvent pauvres et ils s'installent là où les loyers sont les moins chers, ce qui entraîne une paupérisation de zones entières à Paris ou en banlieue. Il n'y a cependant pas de ghetto à cette époque à Paris comme aux USA.
En France, ces inquiétudes concernent surtout Paris et elles passent dans l'opinion par l'intermédiaire de la littérature. On les retrouve dans Notre-Dame de Paris (1831) puis Les Misérables (1862) de Victor Hugo, dans Les Mystères de Paris ( publié en feuilleton à partir de 1842) d'Eugène Sue, et dans l'œuvre de Balzac.
Les thèmes sont les suivants :
-assimilation "classe laborieuse / classe dangereuse", crainte biologique de l'entassement dans des taudis.
-peur du centre des villes, malade et dangereux, peur des faubourgs.
-incompréhension devant les causes de cette paupérisation, qui serait une conséquence excessive de l'industrialisation.
-faiblesse morale des pauvres et des ouvriers face à ces nouvelles conditions.
Dans tous les pays industrialisés au 19ème siècle, le constat est le même : il y a nécessité de réformer la ville puis de la penser dans sa globalité.
Le mot "urbanisme" naît dans les années 1880-1890. Selon l'historien A. Sutcliffe, urbaniser au début du siècle c'est procéder à l'arrangement par l'autorité publique de tout ou d'une partie d'une ville dont le sol est possédé par des propriétaires privés. Cela suppose des lois pour contraindre. A la fin du siècle, l'urbanisme englobe les théories de planification de l'espace urbain qui naissent à ce moment-là. Urbaniser devient planifier l'espace urbain vers 1900.
Comme le constat qu'il faut repenser la ville s'impose partout en même temps dans les villes du monde industrialisé, on assiste à une internationalisation de l'action réformatrice sur la ville : tout le monde se copie.
Des expositions internationales ont lieu dans les grandes capitales. Celle de 1867 qui se tient à Paris reçoit 200.000 visiteurs : elle a été l'occasion de diffuser à l'étranger l'œuvre de celui qui a modelé Paris en ville moderne, le baron Haussmann.
Georges-Eugène Haussmann est le grand urbaniste du Paris moderne. S'il s'est inspiré des réalisations précédentes, il y a un avant et un après Haussmann pour celui qui tente de suivre l'évolution du paysage parisien.
Il est temps maintenant de voir l'action des autorités publiques sur Paris avant Haussmann. Cette action prépare celle d'Haussmann. Au 19ème siècle, si l'histoire politique de Paris est mouvementée tout le long du siècle, les différents régimes qui se sont succédé ont tenté de résoudre les problèmes d'urbanisme d'une façon durable.
Napoléon
Napoléon s'est toujours méfié de Paris. La Révolution a laissé des traces dans son esprit. Il gouverne pourtant depuis Paris et se fait sacrer Empereur à Notre-Dame. Paris reste calme pendant l'Empire, les guerres se passent au loin.
Il a voulu faire de Paris la capitale de l'Europe dans un style romain. Le projet a avorté mais il supposait la destruction de la ville ancienne ( "la fourmilière étouffe" ) et l'amélioration de la circulation.
Quelques travaux vont dans ce sens : la construction de la rue de Rivoli commence à cette époque, la façade du palais du Louvre est dégagée du côté de cette rue. Deux passerelles sont construites, le pont Saint-Louis et le pont des Arts, et deux ponts en pierre, les ponts d'Austerlitz et d'Iéna. Le canal Saint-Martin, les canaux de l'Ourcq et de Saint-Denis, ainsi que les bassins de la Villette et de l'Arsenal sont creusés.
Napoléon a aussi marqué le paysage parisien par son goût pour la monumentalité : l'Arc de Triomphe du Carrousel est construit dans la cour du Louvre, la colonne Vendôme est édifiée sur le modèle de la Colonne Trajane à Rome, enfin les travaux de l'Arc de Triomphe des Champs-Elysées sont entamés. D'autres projets gigantesques sont abandonnés (un palais pour le roi de Rome à Chaillot, une cité administrative au Champs de Mars, une fontaine immense à la Bastille en forme d'éléphant).
L'intérêt principal de cet épisode napoléonien est qu'il marque le début d'une transition entre l'urbanisme monumental de prestige et l'urbanisme moderne de régulation.
Le retour de la monarchie (1815-1848).
Après la chute de l'Empire, la monarchie est rétablie. Paris reste indifférent aux querelles entre les différents prétendants, mais en 1830 Charles X est chassé du trône par une insurrection de 3 jours. Louis-Philippe, un roi qui a adopté certains aspects républicains, lui succède.
La période du retour de la monarchie est une préparation à l'Haussmannisation car un diagnostic de la ville est fait :
En 1839, une commission municipale est chargée d'examiner le centre-ville. Cette commission conclut à l'obsolescence du centre de Paris. A cette époque, le thème de la "ville malade"est devenu un lieu commun dans l'opinion. Le vieux centre médiéval situé dans l'ancienne enceinte de Philippe-Auguste provoque, alors, un dégoût général.
Le déséquilibre rive droite- rive gauche réapparaît d'une façon criante car depuis la fin du 18è siècle la rive gauche est vouée à des activités peu dynamiques. L'apparition de nouveaux quartiers, en dehors de l'enceinte des Fermiers Généraux (qui est détruite à partir de 1823 mais l'Octroi est toujours perçu), sur la rive droite, sous l'Empire et la monarchie, renforce encore ce déséquilibre.
Enfin à cette époque, la primauté est donnée à la circulation. Paris souffre, comme toutes les grandes villes de l'époque, de l'absence d'un réseau de voies urbaines cohérent. L'exemple des gares qui sont construites dans Paris à partir de 1841 est significatif à ce sujet . Elles sont toutes enclavées et très mal reliées avec le centre-ville.
Trois préfets de la Seine (Chabrol 1812-1833, Rambuteau 1833-1848, Berger 1848-1853) nommés directement par le roi commencent les travaux : 175 rues sont ouvertes à Paris entre 1815 et 1848.
La plus importante réalisation est la rue Rambuteau, en 1838, car c'est la première percée qui est réalisée dans le vieux tissu urbain dense du centre, ce qui implique des expropriations et des démolitions. Jusque-là, les rues nouvelles avaient été ouvertes dans les quartiers nouveaux. Le système ancien, qui consistait à attendre que les bâtiments qui posent problème tombent en ruine pour contraindre les propriétaires à respecter les alignements de rue, est remplacé par une politique nouvelle d'expropriation massive.
On fait de même pour la rue de la Bourse, autour du Louvre et de la place Vendôme.
Deux types de blocages vont empêcher ces Préfets d'aller plus loin. Le premier est législatif, le second financier.
La Loi du 16 septembre 1807 donnait aux pouvoir publics des moyens de contrainte pour forcer les nouveaux propriétaires à respecter les nouveaux tracés. Mais cette loi n'a pas été appliquée : les propriétaires ont trouvé un appui auprès du Conseil d'ةtat, soucieux d'éliminer toute restriction au droit à la propriété. En conséquence, tous les quartiers nouveaux dans la ville ou à l'extérieur (Batignolles, Beaugrenelle , quartier de l'Europe, Passy...) sont construits à l'initiative de commanditaires et de capitaux privés, donc sans contrôle de la municipalité.
Le problème financier vient du souci de ne pas endetter la ville, par orthodoxie financière. Le préfet Rambuteau refuse d'emprunter. De plus Il n'existe pas avant le Second Empire (1851- 1870) de puissante banque nationale. Avec la création du Crédit Foncier et du Crédit Mobilier en 1852, Haussmann n'aura pas ce problème.
Il n'y a, surtout, pas de volonté politique de transformer Paris. La monarchie en place n'est pas assez forte pour se passer de l'appui des lobbies classiques et des notables. Quelques réalisations importantes sont tout de même faites : en 1836, l' Arc de Triomphe des Champs-Elysées est achevé, il rend hommage aux victoires de la Révolution et de Napoléon.
A partir de 1841, des travaux pour donner une nouvelle enceinte militaire à Paris sont aussi entrepris. Des fortifications naissent tout autour des nouveaux quartiers qui ont été construits en dehors de l'enceinte des Fermiers Généraux.
La Seconde République (1848-1851)
En 1848, Louis- Philippe est renversé à son tour. La Seconde République dure peu de temps, le futur Napoléon III , le neveu de l'Empereur, y met fin par un coup d'Etat en décembre 1851.
Le Second Empire (fin1851-1870)
Le Second Empire marque le début de l'ère haussmannienne : Paris devient une ville moderne, ou plus exactement, une ville bien adaptée à son époque. Quand Napoléon III nomme Haussmann Préfet en juin 1853, celui-ci reprend les idées préexistantes mais il les systématise en un programme de reconstruction urbaine sans équivalent dans le monde. Son influence dépasse son renvoi en Janvier 1870, puisque sa pensée et ses pratiques perdurent jusqu'en 1900. Il urbanise Paris avec un schéma cohérent (percées, réseau, circulation) qui est repris dans toutes les grandes villes françaises (Marseille, Lyon, Lille, Bordeaux, Le Havre, Toulon, Montpellier, Toulouse, Rouen, Brest).
C'est la première originalité de l'urbanisation française de cette époque: urbaniser la ville, c'est urbaniser Paris.
La deuxième originalité de l'oeuvre d'Haussmann, c'est la précocité de son programme complet. Elle lui a valu une admiration internationale, et ses schémas sont ensuite appliqués à Bruxelles, Milan, Rome, Barcelone, Anvers, Dresde, Chicago, Vienne,...
Bien qu' Haussmann n'ait pas réglé tous les problèmes, comme nous le verrons plus loin, Paris ne sera retouché qu'en 1960, un siècle plus tard.
Son oeuvre a pourtant été longtemps considérée comme un massacre. Pour l'écrivain ةmile Zola, Paris aurait été découpé à coups de hache. Il reprend en fait les critiques des républicains et des libéraux qui visent une condamnation globale du Second Empire. Deux clichés ont longtemps été employés pour résumer l'œuvre d'Haussmann. Il aurait percé de larges rues dans les quartiers populaires de l'Est parisien pour empêcher les barricades et permettre l'entrée de la force publique. Dans La Curée, Émile Zola voit aussi dans la rénovation de Paris l'occasion d'un vaste jeu financier, d'une spéculation avec un enrichissement scandaleux. Dans un pamphlet intitulé "Les Comptes Fantastiques d'Haussmann"en 1867, le socialiste Jules Ferry présente le financement des travaux sous un jour scandaleux, à la limite de la légalité et pour permettre des enrichissements abusifs.
On sait aujourd'hui que ces accusations de faveurs à de nombreux financiers sont fausses grâce à la thèse de L. Girard. De nombreuses compagnies financières ont perdu de l'argent, et si La Caisse Des Travaux de Paris créée en 1858 a emprunté finalement beaucoup d'argent par des procédés à la limite de la légalité, c'est pour pouvoir terminer les travaux. Haussmann, lui, est un homme intègre.
Aujourd'hui, le consensus est total chez les historiens pour admirer l'œuvre d'Haussmann. F. Loyer dans son ouvrage sur la rue parisienne au 19è s. (1987) parle d' "une grande réussite de l'histoire urbaine".
Son oeuvre est admirée pour l'invention d'un urbanisme de régulation qui conserve la vieille ville tout en la rendant accessible, pour l'équilibre trouvé entre l'immeuble de type haussmannien et la rue, pour l'équilibre rare qui a été trouvé entre le contrôle étatique et la spéculation privée.
D'un point de vue esthétique, les grands boulevards qui sont percés répondent à une nouvelle logique. Ils sont larges et en ligne droite pour faciliter les déplacements et la vitesse. On les dit plus modernes à l'époque parce que les rues médiévales étaient étroites et sinueuses. Néanmoins, ils sont déshumanisants si on en construit trop.
A Paris, l'équilibre a été trouvé, le plus souvent.
Les principes qui animent les décisionnaires sont les suivants : Napoléon III a pensé l'essentiel du schéma directeur : il veut relier les gares, trouer les vieux quartiers, établir une grande croisée Nord-Sud / Est-Ouest au centre de Paris, et il veut des jardins, comme il en a vu à Londres où il a vécu en exil. Il établit un régime fort qui s'assouplit à partir de 1860. Avec ces réalisations, il vise un prestige européen.
Haussmann, dans ses Mémoires, ne se présente pas comme l'auteur d'un traité d'urbanisme mais comme quelqu'un qui a réalisé quelque chose, à partir de principes qu'il a adopté. Il veut éventrer le vieux centre de Paris avec l'idée d'y faire baisser la densité et d'aboutir à une meilleure répartition des habitants sur l'ensemble de la capitale. C'est pour cela qu'en 1860, Paris a annexé "La Petite Banlieue", le secteur situé entre l'ancienne enceinte des Fermiers Généraux et la nouvelle enceinte militaire.
Paris gagne 400000 habitants et sa surface est multipliée par deux. Vingt arrondissements sont créés (voir le plan). Les vingt quartiers du Paris actuel sont nés. Il veut organiser un réseau de circulation général autour d'un centre rénové. Depuis Les Halles et Le Châtelet doivent rayonner des voies de communications. Il veut un réseau de grandes places-carrefours autour du centre: l' étoile, la Bastille, la Nation, le Châtelet,...
Et en même temps que tout cela, il construit les réseaux (d'égouts, des eaux) et des parcs ou des jardins. Il s'appuie sur des moyens législatifs et financiers nouveaux.
Le Décret-Loi du 25 mars 1852 permet d'exproprier la totalité des parcelles le long des voies nouvelles. Auparavant, on ne pouvait exproprier que la surface de la nouvelle rue. Il peut ainsi raser une partie de l'île de la Cité. Après 1860, l'Empire devient plus libéral, les propriétaires font souvent appel au Conseil d'état qui leur donne souvent raison. Après 1860, Haussmann a donc plus de mal.
Des normes sont adoptées pour que les constructions ne soient pas trop disparates. Quand la ville vend des parcelles elle impose dans le contrat de vente des règlement précis sur les corniches, les moulures, les balcons...
Du point de vue financier, la Ville ne finance plus seulement les travaux avec ses recettes. Elle a recours aux emprunts, ce que n'avait pas osé Rambuteau.
Les transformations de Paris par Haussmann
Pour la circulation, il établit 3 réseaux :
Le premier est le plus connu (1854-1858). Il réalise la grande croisée Nord-sud / Est-ouest : l'axe rue Sébastopol - boulevard St-Michel / rue de Rivoli se croise sur la place du Châtelet. Le centre de la croisée est dégagé : l'île de la Cité (surtout à l'Est) ainsi que les Halles.
Le second (1858-1860) permet d'étendre la circulation depuis le centre : travaux autour de la future place de la République, la rue de Rome, travaux autour de l'étoile, de Chaillot, de l'ةcole Militaire, de la Montagne Sainte-Geneviève.
Le troisième réseau est fait avec la volonté de relier la "Petite Banlieue" annexée en 1860, au reste de Paris. C'est le début des travaux de la place de l'Opéra (achevé en 1878), Belleville est relié à Bercy, les voies du Sud du 16ème arrondissement sont réalisées. Enfin l'axe de la rue de Rivoli est doublé sur la rive Gauche par la création du boulevard St-Germain.
Les travaux pour l'esthétique et la monumentalité de Paris sont aussi réalisés : on construit des églises (St-Augustin et la Trinité), de grands équipements sont décidés (l'Opéra, la Bibliothèque Nationale, le palais de Justice, la Préfecture de Police, les Halles Baltard).Les mairies d'arrondissement dans chaque quartier sont construites.
La volonté est de marquer le carrefour par un ouvrage monumental : par exemple, la fontaine St-Michel. Dans un souci d'hygiène, un grand réseau d'adduction d'eau est construit. Un système d'aqueduc à la romaine est choisi. Il permet de faire venir une eau de source lointaine puis de la distribuer à domicile par abonnement. Un réseau de 560 kilomètres d'égouts est aussi achevé.
Enfin, "un système végétal" est aussi mis en place. L'ingénieur Jean-Charles Alphand (qui succède à Haussmann en 1870), a créé les Bois de Boulogne et de Vincennes, les parcs des Buttes-Chaumont, de Monceau et de Montsouris, plus les jardins d'arrondissement et les squares. Des arbres sont aussi plantés dans toutes les avenues, sauf celle de l'Opéra.
En janvier 1870, Haussmann est renvoyé. Le régime est de plus en plus critiqué, et la situation financière s'est dégradée à partir de 1860. En 1870, le déficit des travaux est de 1,475 Milliard de francs et il ne rend pas possible la conclusion d'emprunts nouveaux. Les républicains clament que Paris ne s'en remettra jamais. En fait, la dette est épongée vers 1890. Et puis les Parisiens en ont assez des travaux, depuis 20 ans ils sont dans les gravats.
Le Second Empire a tiré du prestige des réalisations faites à Paris, mais il s'effondre soudain par l'absence du prestige le plus important, celui qu'on obtient par les armes.
La IIIème République (1871-1940).
La Troisième République naît de la terrible défaite des Français face aux armées allemandes, en 1870.
De septembre 1870 à février 1871, Paris subit un siège très dur par l'armée allemande. Le traité signé avec les Allemands par l'Assemblée réfugiée à Bordeaux, est ressenti comme un trahison à Paris (déjà abandonné par les représentants politiques).
Du 18 mars au 28 mai 1871, une insurrection éclate dans Paris. C'est "la Commune de Paris" une révolte républicaine au départ qui prend ensuite un fort accent anarchiste. Elle est réprimée dans le sang. Les derniers révoltés sont fusillés dans le cimetière du Père-Lachaise. Paris rentre dans le rang désormais et n'essaye plus de n'en faire qu'à sa tête, au détriment du pays.
En signe d'expiation, la basilique du Sacré-Coeur est élevée à Montmartre de 1876 à 1886 par des fidèles catholiques.
Des cadres nouveaux apparaissent à Paris, les conseils municipaux sont élus. Le régime est différent mais l'Haussmannisation se poursuit car Alphand (à la tête des travaux de 1871 à 1892) termine ce qui a été entrepris sans toutefois innover. De 1875 à 1880, sont achevés l'axe boulevard St-Germain-boulevard Henri IV-Bastille et la place de l'Opéra. Il poursuit l'aération du centre avec les rues Etienne Marcel et Réaumur. Il achève aussi la mise en valeur de la zone annexée en 1860 et la liaison avec l'ancien Paris (avenue Gambetta, et des rues, Caulaincout, Tolbiac, Alésia, Convention). De 1870 à 1911, 37 squares sont aussi créés.
Dans les années 1880-1890, un certain nombre de problèmes que Haussmann a refusé de se poser apparaissent. Ils permettent de tirer un bilan plus pointu de ce qui a été entrepris.
Tout d'abord Haussmann n'a pas pensé à l'industrie. Il n'a fait aucun "zoning": il n'a pas réparti les différentes activités en différents quartiers. Pour lui, elles doivent se mélanger dans les quartiers.
Depuis les années 1830, les riches sont plus présents à l'Ouest de Paris, les pauvres sont plus à l'Est. L'Haussmannisation a renforcé ce phénomène. De même, la différence de densité rive droite- rive gauche demeure.
Haussmann n'a pas non plus pensé aux logements populaires.
Enfin, il ne pense pas à l'agglomération parisienne, il ne croit pas à la nécessité de l'intervention de l'ةtat sur la formation de la banlieue, au-delà des fortifications.
Un autre problème s'est greffé ensuite : les autorités de la 3ème République ont considéré à l'époque que l'action du Préfet avait résolu tous les problèmes. Et donc, si la France est en avance juste après Haussmann, à la fin du 19è siècle, elle est en retard.
En 1914, le retard français est incontestable en matière de réglementation et de réalisation. Par exemple, pour la planification de la ville et de son agglomération, New-York a établis un plan d'ensemble en 1916. En France, le premier plan de l'agglomération parisienne, le Plan Prost, est décidé en 1939.
Mais il est vrai qu' à cause de la faiblesse de la croissance urbaine en France, la pression en ville n'est pas la même qu'en Amérique. De 1872 à 1911, par exemple, la population urbaine croît en France de 6 Millions d'habitants, en Allemagne elle croît de 24 millions.
Il faut donc attendre 1960 pour qu'un réaménagement aussi important que celui d'Haussmann soit entrepris. Les années qui vont de 1870 à 1914 sont pourtant celles où les propriétaires privés ont construit le plus d'immeubles à Paris. Le patrimoine de constructions privées de Paris date surtout de cette période-là.
La seule nouveauté technique de la 3ème République, c'est la création du Métro.
Depuis les années 1830, des compagnies d'omnibus à cheval existent à Paris. En 1873, le tramway est créé avec une voie ferrée sur la voie publique. Entre 1864 et 1867, une ligne de chemin de fer circulaire est construite autour de Paris.
Malgré les 10.000 fiacres qui existent et les bateaux omnibus sur la Seine qui s'ajoutent à partir de 1867, en 1880 la crise des transports est permanente. Il y a trop de lenteur, d'embouteillages.
La solution est la création du Métro. Mais il met 20 ans à être créé ( la première ligne date de 1900) parce que la municipalité veut un métro qui ne dessert que Paris et les pouvoirs publics veulent créer un réseau qui se raccorderait avec les lignes de chemin de fer. Finalement, les élus municipaux l'emportent, le Métro choisi est un métro à rames courtes, très fréquent.

Paris au XXe siècle : de l'agglomération à la métropole internationale.
Il semble que la défaite et la Commune soient oubliées dans les années 1900 puisque cette époque est appelée "la Belle époque". Malgré une crise du logement, les années 1900 marquent l'intrusion d'un confort nouveau permis par l'introduction de l'électricité, des salles de bain, du chauffage central et de l'ascenseur.
Paris est alors, pour un moment, la ville de l'esprit, de la légèreté, de la gaieté. L'optimisme est présent depuis le succès de l'Exposition Internationale de1889 pour laquelle la tour Eiffel a été construite. La fierté nationale trouve aussi son compte dans la constitution du nouvel empire colonial qui offre, on le croit, toutes les perspectives.
Paris est alors la capitale mondiale de la création, des arts plastiques à la mode en passant par le théâtre et le cinéma.
Des artistes du monde entier, souvent naturalisés ensuite, viennent s'y installer: des écrivains (Ionesco, Cioran, Kessel, Troyat, J. Green ) mais aussi des peintres ou des sculpteurs ( Modigliani, Picasso, Dali, Miro, Chagall, Soustine, de Staël, Mondrian, Giacometti, Foujita, Brancusi...) Ils se retrouvent à côté des artistes Français (Bonnard, Braque, Léger, Matisse, Utrillo...)
Ce climat ne survit pas à la Première Guerre Mondiale. Il n'y a plus ensuite au 20ème siècle une seule capitale mondiale pour la création. Par exemple pour le Cinéma, Hollywood supplante Paris pendant la guerre.

La Première Guerre Mondiale (1914-1918)

Le 2 août 1914, la mobilisation est décrétée. Elle se fait dans un grand enthousiasme car c'est l'occasion de prendre sa revanche sur la Guerre de 1870. Mais dès le 26 août, la menace allemande est grande sur la Marne. Des mitrailleuses sont mises sur la tour Eiffel pour s'opposer aux bombardements aériens. Le 2 septembre, le gouvernement quitte Paris pour Bordeaux.
Puis, la contre-offensive de Joffre du 6 septembre libère Paris de la menace pour un long moment. En 1918, la menace allemande revient mais sans déclencher la panique. Entre-temps, le front s'est stabilisé et Paris devient l'arrière du front où des troupes viennent se reposer.
Durant les quatre ans, Paris reçoit 746 bombes, souvent de faible puissance mais qui font près de 900 morts ou blessés. Il faut y ajouter un millier de morts ou blessés à cause du canon dit "La Grosse Bertha" qui a envoyé 303 obus sur Paris.
Paris devient le lieu où converge le ravitaillement des 4,5 millions d'hommes qui se battent. Les femmes prennent la place des hommes dans les usines d'armement.
Le jour de l'Armistice est l'occasion d'une fête intense, malgré le souvenir des victimes du conflit.
La tombe du soldat inconnu, une victime française qu'on a pas pu reconnaître, est ensuite installée sous l'Arc de Triomphe. La cérémonie qui s'y tient tous les ans, le 11 novembre, est l'occasion pour les Parisiens de se souvenir d'une guerre dont il ne reste plus de vétérans depuis l'année 2000.

L'Entre - Deux - Guerres (1918-1939).

La paix revenue, on a essayé de corriger un certain nombre de problèmes urbains.
Les fortifications sont largement anachroniques, elles ont prouvé leur inefficacité devant les canons. A partir de 1919, elles sont supprimées. A la place est construite la première grande rocade de Paris, c'est le boulevard "des Maréchaux" car on a donné des noms de Maréchaux d'Empire tout le long de son parcours autour de la ville. Il n'est toujours pas achevé en 1939. Paris devient une ville ouverte vers sa banlieue.
Entre 1927 et 1934, un premier effort important de construction d'habitations pour des loyers modérés est fait dans la ville et surtout dans sa périphérie immédiate. Par deux fois pendant ces années, l'architecte Le Corbusier, grand admirateur de l'œuvre d'Haussmann, a essayé de modifier l'urbanisme de Paris. D'abord par le Plan Voisin et ensuite en 1937. Le Plan Voisin prévoyait de raser le centre de Paris pour y établir un grand axe autoroutier Nord-Sud / Est -Ouest. Des tours de 60 étages auraient logé les parisiens. Les quartiers du Marais et du Temple auraient été rasés, sauf quelques églises ! Ces projets, s'ils semblent délirants étaient présentés sérieusement à l'époque. Ils montrent une nouvelle conception de la ville, et une obsession presque pathologique de faire du moderne.

La Seconde Guerre Mondiale (1939-1945).

Pendant les 9 premiers mois du conflit, la France et l'Allemagne s'observent. Ce qui donne le temps de protéger les monuments de Paris et leurs collections. Le 10 mai 1940, les Allemands commencent leur campagne de France. Ils entrent dans Paris le 14 juin. Le 17 juin, le Maréchal Pétain demande l'armistice.
Entre 1940 et 1944, Paris est occupé par les Allemands. L'opinion des Parisiens se fait de plus en plus critique envers le gouvernement de Vichy dirigé par le maréchal Pétain. Les rafles de juifs au Vel' d'hiv' en juillet 1942 et les exécutions d'otages les choquent.
La Résistance naît rapidement mais elle est difficile car Paris est très surveillé. C'est pourtant à Paris que les différentes factions qui la composent s'unissent le 27 mai 1943. L'occupant se signale par des actions ponctuelles : les statues de bronze sont presque toutes fondues pour en récupérer le métal. Des pancartes en allemand sont mises partout car il est difficile pour l'occupant de trouver son chemin en le demandant aux Français.
L'Occupation est pour Paris une période de stagnation, il n'y a aucune création dans la ville.
En août 1944, la ville se libère elle-même. Les combats durent du 19 août au 30 août 1944. Ils sont longtemps indécis car Paris n'est pas un objectif prioritaire pour les Américains, qui préfèrent une route directe vers Berlin. La perspective d'un long combat de rue ne les incite pas à intervenir pour soutenir les forces de la Résistance parisienne. L'argument qui finit par faire changer Eisenhower d'avis est que les Français ne pardonneront jamais aux Américains d'avoir laissé détruire Paris. Les forces américaines et alliées qui libèrent la France acceptent aussi l'effort supplémentaire de nourrir la population parisienne.
La division blindée dirigée par le général Leclerc ( la 2eme DB) est autorisée par les Alliés à rejoindre Paris, ce qui décide de l'issue de la bataille. Le général De Gaulle, chef des forces françaises réfugiées à Londres, prononce à l'Hôtel de Ville le 25 août un discours ( ) resté célèbre, puis il descend les Champs-Elysées avec les chefs de la Résistance le lendemain dans une liesse indescriptible.
Hitler a ordonné de détruire la ville. Le commandant allemand Dietrich Von Choltitz, chargé de la défense de Paris, a refusé. C'est une grande chance pour Paris de ne pas avoir subi de destructions comme Londres, Berlin, Tokyo...

L' après-guerre jusqu'à nos jours (1945 à aujourd'hui)

A l'issue de la guerre, la ville est en plein marasme. La population de la ville a chuté, elle se retrouve au niveau de 1936 et la reconstruction du pays ne permet pas de modification pour Paris avant 1949.
Une crise du logement est latente jusqu'en 1954 parce que le patrimoine immobilier a vieilli pendant la guerre et que la population s'accroît de 600000 personnes entre 1946 et 1954.
En 1954, une grande relance de la construction d' Habitations à Loyer Modéré, désormais appelées les HLM, est opérée en banlieue proche. En ampleur, elle est comparable à ce qu'à réalisé Haussmann. Elle complète aussi son oeuvre puisqu'il n'avait rien fait pour le logement populaire et pour la banlieue.
Cependant , c'est dans les années 1960 que Paris prend le visage d'une métropole internationale. Le 6 août 1960 est adopté le Plan d'Aménagement et D' Organisation Général de la région parisienne (le PADOG) suivis du Schéma Directeur de 1965. Ces textes limitent la zone administrative de Paris "la Région Parisienne", ils prévoient les axes de communication à construire, l'établissement des centres administratifs et d'affaires et ils désignent les zones où les grands équipements doivent être construits en priorité. Huit villes de la Région Parisienne sont créées ou développées pour servir à structurer la Région.
Le Schéma Directeur établit les voies de la circulation rapide à Paris. Le Boulevard Périphérique est entrepris. Il double le Boulevard des Maréchaux autour de Paris mais avec des voies autoroutières souvent enterrées.
Les voies sur berges de la rive droite sont aussi données aux automobiles.
Pendant les années 1960, Paris se dote d'équipements dignes d'une grande ville moderne (liaison autoroutière, Aéroports internationaux d'Orly puis plus tard de Roissy, infrastructures hôtelières) pour répondre aussi à la demande d'un tourisme de masse qui naît en même temps.
La Défense
Le projet de doter Paris d'un grand centre d'affaires et financier à La Défense débute en 1958.
Depuis les années 1920, les bureaux se développent dans Paris où la place manque cruellement. Nous avons vu qu'Haussmann n'avait pas prévu de zone particulière pour les activités économiques.
Un premier building en verre, la tour Montparnasse, est bien inauguré à Paris en 1973. C'est encore aujourd'hui le seul grand building construit à l'intérieur de Paris. Un complexe de bureaux et une gare sont bâtis autour, mais la nécessité de doter Paris d'un grand quartier d'affaire demeure.
Le plan du projet est adopté en 1968. Le plus grand centre européen de bureau est ainsi construit : une dalle de 40 hectares est créée dans l'axe le plus prestigieux de la capitale, celui des Champs-Elysées.
Au-dessus de cette dalle en béton, sont construites des tours pour des bureaux et des immeubles, en-dessous on met tous les équipements (voies ferrées, route, autoroute, parking, canalisation) dont l'échangeur souterrain le plus grand du monde. Même si des aménagements se sont installés très tôt , le CNIT, le centre d'exposition est ouvert en 1958, l'Université de Nanterre s'ouvre derrière La Défense en 1967, les chocs pétroliers de 1973 et 1978 ont ralenti les aménagements. Après 1977, l'aménagement de la surface de la dalle a repris : centres commerciaux, nouvelles tours, sculptures, espaces verts... La Grande Arche, un cube de 110 mètres évidé au centre, dessinée par l'architecte danois Johan Otto von Spreckelsen est inaugurée en 1989. Elle relie joliment le site avec l'axe des Champs-Elysées.
D'autres projets bâtis avec le même principe d'étagement des fonctions ont vu le jour au cours des années 1970-1980 : le Front de Seine et le Forum des Halles.
La Querelle de Beaubourg.
Le centre de Paris a été l'objet, comme on l'a vu, de projet architecturaux qui entraînaient sa destruction. ةchaudé par ce genre de perspective, l'écrivain et ministre André Malraux a fait classer le quartier du Marais pour empêcher toute destruction. La protection de nombreux sites dans Paris peut faire frémir certains adeptes de la modernité : si on classe tout, on risque de se retrouver à vivre dans un musée ou plus rien ne bouge. Le réalisateur Féderico Fellini a exprimé cette idée en disant qu'il préférait Rome à Paris pour cette raison.
C'est peut-être ce qui a décidé en 1969 le Président Georges Pompidou, un amateur d'Art Moderne, à faire construire en plein centre de Paris un centre d'Art et de Culture d'allure ultra-moderne. Beaubourg ou le Centre Georges Pompidou a été inauguré en 1977. C'est un bloc de métal et de verre de 160 x 60 mètres et de 42 mètres de haut. Il a fait scandale à l'époque mais aujourd'hui, c'est l'un des bâtiments de Paris les plus visités.
Si le problème soulevé à l'époque par Fellini était intéressant ( quoique au fond non dénué de préférence nationale, soyons franc !), de nos jours il ne se pose plus vraiment, même si les sites classés se sont multipliés. En effet, celui qui désire voir de la nouveauté peut se rendre à La Défense ou regarder les dernières constructions du Président Mitterrand. Et puis un monument réussi, même s'il est ancien, a une beauté intemporelle.
François Mitterrand a souhaité marquer le paysage de Paris. Sous ses deux septennats au pouvoir, il a fait réaliser de nombreux travaux. Les plus réussis sont ceux qui ont été dessinés à partir d'une forme simple et d' un joli matériau : La Pyramide en verre du Louvre, La Géode au Musée des Sciences et de l'Industrie à la Villette ( une sphère-miroir ), le cube évidé de l'Arche de la Défense, l'institut du Monde Arabe.
D'autres sont plus contestables pour leur esthétique mais pas pour leur fonction: l'Opéra de la Bastille, la Bibliothèque Nationale de France.
Actuellement, il n'y a plus de grands travaux dans Paris mais le site de Renault-Billancourt est celui qui est l'objet des perspectives les plus importantes. Sur ce site qui fait 52 hectares, dont l'île Séguin, sont prévus un musée Renault, des constructions pour des étudiants de Faculté et une Fondation d'Art Contemporain.

Paris, aujourd'hui, en quelques chiffres.

Paris et sa région, qui s'appelle l'île-de-France depuis 1976, représente 11 millions d'habitants en 2002, soit 19% de la population française sur 2,2% du territoire.
La ville de Paris compte 2,125 millions d'habitants en 2001. Elle est dirigée par un maire depuis 1977, un maire socialiste depuis 2001.
Paris est un pôle très important pour l'économie française : la ville accueille 40 % des cadres supérieurs français, et elle a le taux de chômage le plus faible. 80,7 % de ses activités sont dans le Tertiaire, 19 % dans le secteur Secondaire.
En l'an 2000, l'île -de-France a reçu 36,4 millions de touristes dont un tiers de Français. (Sources ORTIF).
Avec 24,6 millions de touristes étrangers, soit le tiers des 75 millions de touristes étrangers qui sont venus en l'an 2000, la région de Paris se place au premier rang mondial. Plus de 14 millions de touristes étrangers sont allés dans un Hôtel homologué en 2000.
Les principales clientèles étrangères dans l'hôtellerie sont les Britanniques (19 %),les Américains (18 %), les Japonais (8 %), les Allemands (8 %), les Italiens et les Grecs (8 %), les autres nationalités (39 %).
Pour les accueillir, l'île-de-France possède une capacité d'hébergement de 317.000 lits, sans compter les campings, dont près de 279.000 dans les hôtels.